Il y a 10 ans déjà, j’assistais à la restitution d’une étude BVA sur la qualité de vie au travail. Structurée autour d’un indice BEST évaluant 5 dimensions : Collègues, Travail, Pression, Management, Lien à l’entreprise, cette étude balayait plusieurs idées reçues. Le résultat étonnant que je rapporte ici, c’est qu’en haut du podium, le secteur professionnel qui avait le meilleur résultat, c’était le BTP.

« Le management est particulièrement bien perçu des salariés, et notamment la qualité d’échanges avec le manager, à qui 58 % des salariés peuvent parler facilement. La pression ressentie est aussi la plus faible. »

Dans les précisions apportées à l’étude, deux points majeurs étaient soulignés : d’abord, la plupart des managers du bâtiment viennent du terrain, ils ont fait le job et monté dans la hiérarchie. Ils savent ce qu’ils demandent, connaissent les contraintes et sont finalement dans un véritable partage d’expérience en continu avec les équipes. Ensuite, le fait de VOIR ce que l’on fait. Pouvoir constater concrètement les progressions puis la réalisation finale du travail ressortait comme un élément important et durable dans la satisfaction. « Regarde cet édifice, c’est nous qui l’avons fait. »

Voici donc un management fondé sur les aptitudes. Pas de triche, pas de faux-semblant, tu sais faire ou pas, ça se voit en 3 minutes. D’où, un dialogue objectif, clair, pertinent, avisé, sur de nombreux domaines du quotidien. Tout n’est pas rose, ni simple, il y a les délais, la pénibilité, le caractère de chacun, mais au moins sur les aptitudes de chacun, les choses sont claires.

Venons-en au management par l’attitude. Aujourd’hui, dans les services ou les professions intellectuelles prisées, certaines compétences personnelles sont difficiles à cerner car totalement abstraites, sans matérialisation directe. La dimension stratégique des attributions de postes, les retours d’ascenseur, les filières d’anciens de grandes écoles peuvent conduire à des nominations étonnantes de personnes qui n’ont pas les compétences ni les qualités personnelles de l’emploi mais ça ne transparaît pas immédiatement. Dans ces cas-là, une justification imparable se murmure dans les couloirs : « C’est politique ! » Qui n’a pas croisé des gens en responsabilité qui cochaient seulement trois ou quatre cases sur dix pour leur job ? Et c’est là que commence le management par l’attitude. A coup de dérobade, de déni, de défense, voire d’attaque ou d’agressivité, la personne se forge une posture de responsable qui amène beaucoup de négativité et de malentendus au sein des équipes, dans les échanges quotidiens, la transmission des consignes ou le partage des responsabilités. La posture cache parfois une imposture. Alors, celui qui ne se sent pas légitime, voyant la même sensation dans le regard des autres, a tendance à se murer dans des stratagèmes de déguisement qui éloignent tout le monde du travail et de ce qui doit être fait.

Aujourd’hui où les enjeux quotidiens sont complexes et peuvent avoir des conséquences importantes, il serait bon de limiter au maximum le management par l’attitude pour privilégier davantage les aptitudes, histoire de revenir aux fondamentaux de l’entreprise, sa prospérité et l’épanouissement de ses salariés. Malgré ce qu’annoncent les prédicateurs, nous avons un futur à bâtir et pour bien bâtir, il faut savoir faire !